vendredi 28 avril 2017

La Cô Pinard's Cup

1er Avril, jour du poisson et aussi des blagues pour tous, tandis qu'à Dunkerque c'est le grand retour de la Cô Pinard's Cup. Ces embarcations éphémères faites de bric et de broc, enfin de planches, de bois, de papiers et de bidons pour qu'ils flottent évidemment, ravis à chaque fois les nombreux participants mais aussi visiteurs venus admirer les joutes nautiques.






Mais Eldorado dans tout ça, eh bien il part ce 04 avril pour se refaire une beauté au port à sec.
Mais avant tout cela, il faut d'abord passer les deux ponts mais aussi l'écluse Trystram. Un cargo se trouve à l'intérieur, il vient d'arriver et je suis obligé d'attendre que la sassée soit terminé. Je profite donc de l'occasion pour le prendre en photo lors de sa sortie.


En semaine, le trafic maritime est intense, je dois passer en même temps que deux remorqueurs qui sont de sortie pour accueillir un autre cargo qui arrive vers le port. 














Ça se passe bien malgré que le remorqueur "Cyclone" n'ai pas la gentillesse d'arrêter ses propulseurs malgré que le règlement le lui oblige. Les portes se l'écluse se referment, la sassée va bientôt commencer.

Voilà donc Eldorado amarré au port du grand large pour une sortie prévue demain à 8h45.


05 avril 9h15, Eldorado est sorti de l'eau et roule au dessus de la descente de mise à l'eau. 


Philippe, dit "Fifi" toujours fidèle aux commandes du Travelift prend bien soin de s'assurer que le bateau ne balance pas trop, pour cela il roule très lentement. On ne plaisante pas avec un bateau de 6 tonnes à vide qui est juste soutenu par deux sangles sous la carène.
Le voilà maintenant posé sur ses bers, la coque a été passé au nettoyeur à très haute pression, il n'était pas sale mais juste gras. Un peu comme les poissons que l'on vient d'attraper à la pêche.




Opération grattage de l'ancien antifouling qui commençait à s'écailler. Ici le côté pas encore gratté.






Et là, le côté gratté. C'est un très gros travail, la lame faisant seulement 65mm de large imaginez le temps qu'il faut. Moi ça m'a pris deux jours pour le faire plus encore un jour de ponçage.



La quille a été brossée à l'aide d'une perceuse munie d'une brosse en nylon puis finition à la ponceuse vibrante.







11 avril, la première couche de primaire a été posée. Elle servira de protection pour l'osmose avant de mettre la couche d'antifouling. 
La deuxième couche de primaire est faite, ça commence à prendre forme un peu à la fois.


La couche d'antifouling est posée, il est quand même plus beau en bleu non ?



Mais du travail, il en reste encore. Il faut mettre un antifouling spécial pour l'aluminium sur le z-drive et l'hélice. Aussi bichonner la coque avec un produit lustrant pour qu'il retrouve son aspect neuf. L'eau pourra ainsi perler dessus sans faire de traces et aussi mettre de nouvelles chaussettes sur les pare-battage qui ont bien souffert avec les tempêtes d'hiver.


Samedi 15 avril. Avec le personnel du port, nous avons bougé les bers de façon à pouvoir refaire la coque au niveau des patins. Il a fallu environ 1h30 pour passer de deux bers à quatre bers. Une opération délicate car il ne s'agit pas de faire tomber le bateau surtout que l'on à pas utilisé le travelift..






Eh voilà la coque est entièrement refaite à neuf avec l'antifouling.
Je suis assez content du travail.



L'antifouling de l'hélice et du z-drive ainsi ont étés refait. L'anode de quille a été remplacé. Après un léger nettoyage du pont au jet d'eau, il ne reste plus qu'à attendre la mise à l'eau.






Mardi 18 avril, Eldorado va reprendre la mer. Le travelift se présente pour le soulever afin que je puisse mettre une dernière touche d'antifouling sous la quille avant sa mise à l'eau.





C'est parti pour un petit tour de manège, une marche arrière pour le dégager de son emplacement et une marche avant pour partir vers la cale de mise à l'eau.



Un dernier regard sur l'emplacement où nous étions il y a quelques instants.
Nous arrivons tranquillement vers la cale de mise à l'eau, la marée n'est pas encore assez haute. Nous devrons attendre environ 15 minutes supplémentaires afin d'avoir les deux mètres d'eau nécessaires et avoir ainsi 30 cm de marge pour qu'il ne vienne pas se frotter sur le fond.



Il est 16h30, je me suis amarré au ponton visiteurs du grand large car je dois attendre la sassée de 18h30 pour rentrer au bassin de la marine. Pas question de faire un essai de navigation car l'antifouling sous la quille, bien que sec en surface, le sera réellement au bout de 24 heures sous l'eau, enfin je pense.
Un grand MERCI à mon ami Bruno, président de notre association Les Marins de la Citadelle qui est venu m'aider lors de mon arrivée au ponton visiteur. Un  fort vent de travers avec des rafales entre 22 et 30 nœuds me poussant vers le ponton, il aurait été dommage de venir s'écraser bêtement avec les conséquences qu'on ose imaginer. 
Tiens ? Des gardes côtes Anglais ! Sont-ils venus prendre l'apéro chez nous ?


En attendant la sassée, je regarde la carène toute propre du bateau quand tout à coup, un appel téléphonique. C'est Claudine qui par surprise, est venue pour passer l'écluse et rentrer Eldorado avec moi. Je suis très content de sa surprise, elle m'a fait vraiment plaisir.







Pour nous prévenir qu'il ne faut pas en avril trop se découvrir, en partant vers l'écluse Trystram, nous essuyons une superbe averse de grêles. Claudine à juste le temps de se protéger à l'intérieur du bateau.







Nous sommes parés pour la sassée, ça va le ciel s'ouvre de nouveau.










Les portes de l'écluse s'ouvrent, allé hop. Première prise de barre pour ma chérie.
Normal, c'est elle qui, à chaque fois, prend les commandes pour la rentrée dans le port.




Tout ça se fait dans la bonne humeur bien sûr.






20 avril, partis de Ouistreham, notre ami Thierry et Céline se trouve à Dieppe. Un petit soucis de santé pas très grave oblige Thierry à demander de l'aide aux amis disponibles. Du coup ni une, ni deux, Jean-Jacques et moi allons lui donner un coup de main pour remonter son bateau vers Dunkerque. Au bout de quelques heures d'autoroute, nous arrivons enfin. Pas grand monde en cette saison dans le port.


 Embarquement immédiat pour profiter des courants.













A peine sorti du port au environ de midi, nous découvrons dans quel type de mer nous allons commencer à naviguer. De toute évidence, ce ne sera pas les quarantièmes rugissants.



Au vu des sourires de l'équipage, tout le monde à l'air satisfait, surtout il faut le dire de se retrouver ensemble.









On commence à bien prendre ses marques, il est l'heure de l'apéro.


Mais il faut pensé à se remplir le ventre. Pour ce premier repas, Thierry a prévu léger. C'est Jean-Jacques, passé maître dans la restauration gastronomique qui s'y colle.


Tout ça agrémenté d'une sauce béarnaise faite maison. Pour la vaisselle, eh bien c'est le mousse du jour "moi", il faut bien partager les taches.

En voulant envoyer le génois, nous rencontrons un soucis technique. Du coup Thierry et Jean-Jacques sortent la trinquette sur enrouleur. Ensuite Thierry part à l'avant pendant que moi je prend le quart et Jean-Jacques fait la sieste.


Malgré ses efforts, il va falloir attendre l'arrivée à Dunkerque pour résoudre le problème.


Nous sommes au large du Touquet, comme à l'habitude, je vois au large une silhouette qui m'a l'air familière. J'ai l'impression qu'elle commence à se diriger vers nous. Mon impression est la bonne, c'est une vedette des douanes qui passe derrière nous. Va-telle nous contrôler ?


Sans hésitation oui... Et c'est parti pour les questions rituelles, d'ou l'on vient, où on va, combien sommes nous à bord, qui est le proprio du bateau. L'Angleterre n'étant qu'à quelques kilomètres et avec les trafics en tout genre, c'est compréhensible.


19h20, nous sommes au large de Boulogne. Moins de 8 heures de navigation, c'est pas mal. Thierry tu as bien calculé tes courants. On pensait s'arrêter dans le port mais nous sommes toujours poussé par ceux-ci. Nous décidons de passer les deux caps et continuer jusqu'à notre destination finale. D'après les calculs de Jean-Jacques, nous serons à Dunkerque eu environ de 2 heures du matin maximum.



Un petit soucis de pilote, sans doute le calculateur, nous oblige à prendre la barre. Je m'y colle pour la première heure, normal aussi, notre cuistot est occupé à nous préparer des côtelettes de porc un peu grasse (no comment)

Et toujours avec le sourire s'il vous plait.






On tue le temps comme on peu, Jiji sur le routeur, Thierry en photographe du bord.
Et moi toujours à la barre. Après avoir pris le repas en mer entre les caps Gris-Nez et Blanc-Nez, il commence à faire nuit. Et c'est toujours avec le courant que nous faisons les derniers miles pour rejoindre Dunkerque. Nous arriverons le 21 avril  à 1 heure du matin. Une petite et courte nuit s'impose, de toute façon nous ne pouvons prendre l'écluse que vers 10h30.


Debout vers 7h30, nous prenons un bon petit déjeuné.. Vers 9h, j'aperçois un cargo qui prépare son entrée dans l'écluse Trystram. Jean-Jacques à la même idée que moi, nous allons essayer de profiter pour le faire avec lui. Après avoir demandé l'autorisation au port, nous entrons dans l'écluse avec le minéralier. Super, on gagne 1h30.


Nous avons prévenu Céline et Claudine. Et notre petit comité d'accueil est là prêt à nous recevoir.


Et en grande pompe s'il vous plait, depuis que l'on attendait ce magnifique Bi-Loup 109.


Le voilà enfin amarré, il ne lui reste plus qu'à prendre la couleur locale. Ben quoi c'est vrai...


25 avril, les joints des hublots de pont sont à changer. Bien que c'est le dernier, j'ai décidé de vous montrer comment on change ce joint.
Tout d'abord, il faut enlever l'ouvrant, opération délicate car il ne faut pas forcer et surtout ne pas faire tomber les pièces dans l'eau. 





Voilà donc l'ouvrant posé sur la table du carré.

Après dévissé deux des quatre vis de chaque côté, on enlève délicatement les deux profilés en aluminium qui forment le cadre.




Puis on enlève le joint. Ensuite, nettoyage des profilés à l'eau savonneuse ainsi que le hublot où l'on voit les dépôts de sel ainsi que la trace noire causé par la poussière qui a fini par s'incruster.
Le nouveau joint est installé, pas très évident à faire car pour une bonne étanchéité il est légèrement plus petit que le hublot. Je me suis d'ailleurs coupé un peu le pouce du fait que les bords du hublot sont un peu tranchant.




On refait l'opération en sens inverse, petite astuce pour que les profilés aluminium glisse mieux et pour éviter d'abîmer le joint, j'ai posé avec le doigt un peu de liquide vaisselle sur celui-ci.


Le deuxième profilé est en place, les quatre vis resserrés, il ne reste plus qu'à remettre l'ouvrant sur le pont.
Et voilà, il est en place et est reparti pour environ pour un peu plus de 10 ans. Pourquoi ? eh bien parce que je viens de les remplacer alors qu'ils étaient d'origine et que le bateau a maintenant 13 ans.



Les choses commencent à prendre forme, le spi asymétrique vient d'arriver, je l'ai installé dans son sac de rangement. Bien qu'il a une légère différence avec la photo sur l'écran d'ordinateur (mais j’avais été prévenu) il a l'air conforme au choix que nous avions décidé.
La chaussette est aussi présente, mais il va falloir attendre quelques jours avant de pouvoir installer le spi dedans. En effet, une dépression arrive et ce ne sera pas possible de le faire car pour le mettre à l'intérieur, il faut dérouler et allonger le spi sur la pelouse afin de vérifier qu'il n'y a pas de défauts, retrousser la chaussette, fixer celle-ci sur la pointe du spi avant de la faire glisser. A l'heure où j'écris cela, le ciel est très couvert et nous avons déjà subi une averse de grêles et maintenant de la pluie. Il vaut mieux éviter de ranger une voile humide qui risque de provoquer des moisissures et de surcroît l'abîmer.


Je termine notre article du mois en rendant hommage à notre ami

Henri Vindevongel.

Samedi 22 avril, son épouse Martine ainsi que des membres de sa famille, à bord de la vedette S.N.S.M "Jean Bart 2". Ses amis du bassin de la Marine à bord du bateau moteur de Rodolphe, sommes allés accompagner notre ami vers sa dernière demeure.
Bien qu'aillant partagé un petit cours d'eau de sa longue vie, nous avons découvert Claudine et moi un homme chaleureux et bon vivant, professeur émérite VLG, il ne se prenait pas la tête avec les mondanités, savait resté humble, à l'écoute des autres et était de bons conseils. Bon vivant de nature, il adorait raconter de bonnes blagues. La bonne chère et aussi la bière surtout celle de son pays était son petit pêché mignon.
Très amoureux de son bateau qu'il surnommait lors de nos discutions à bord "Sa maîtresse", féru de liberté, respectueux de la nature et des océans, il est, comme nous le pensons tous, heureux d'avoir retrouvé la grande bleue.


Repose en paix Henri auprès de notre petite sirène.