En ce début mars nous avons de belles journées ensoleillées
mais froide, je commence à sentir que le moment est proche pour moi de faire ma
première sortie avec Eldorado. Je m’énerve car cela fait plusieurs fois que
j’appelle Nord Yachting pour qu’il vienne installer les voiles. Il est vrai que
sur un tel bateau c’est un peu complexe du fait que la grand voile est sur
enrouleur dans le mat, en plus elle est comme tout types lattée ce qui demande
d’être au minimum deux. Mais je sais que même si je demande un coup de main à
mes amis, je ne peux les installer car M. CHARLET m’a dit qu’il le ferait ainsi
que la première sortie en mer afin de voir que tout est correct, ça fait partie
de la garantie. Il vient donc un samedi matin pour installer la grand voile et
le génois, pour une question technique j’explique en quelque mots ce que c’est,
la voile qui se trouve à l’avant du bateau c’est le génois, il en existe deux
modèles soit léger ou lourd, Eldorado est prévu avec un génois lourd sur
enrouleur ce qui permet de sortir, rentrer ou régler la voile directement du
cockpit, c’est la voile principale qui sert à propulser le bateau. La grand
voile existe en plusieurs modèles, voile lattée full-Batten, avec enrouleur sur
la bôme ou encore avec enrouleur dans le mat.
Eldorado est conçu avec enrouleur
dans le mat ce qui permet de sortir, rentrer ou régler la voile directement au
cockpit, l’avantage de ce système permet de faire toutes les manœuvres seul, il
est également inutile de la retirer durant la période d’hivernage ce qui évite
de l’abimer, la grand voile ne permet pas la propulsion, elles favorise
l’écoulement de l’air au génois et participe en soit à la puissance en
navigation au près, par contre en grand largue c'est-à-dire vent arrière elle
permet la propulsion avec le génois quand ces deux sont posées en ciseaux, elle
favorise également l’équilibre du bateau pour que la gite soit correcte.
Les voiles sont installées et deux semaines plus tard nous
faisons la sortie en mer, par la sassée de 8h30 nous passons l’écluse Trystram
sans problèmes puisque nous sommes trois à bord dont deux beaucoup plus
expérimentés par rapport à moi. En sortant de l’écluse je mets la barre à
gauche et nous nous dirigeons vers la sortie du port en empruntant le chenal
tout en faisant attention que les feux de sorties sont bien au vert. Un bateau
de pêche arrive vers nous en remontant le chenal dans le sens inverse puisqu’il
rentre au port, une très forte ondulation se propage derrière lui du fait que
son allure est élevée, comme je passe très près de lui, il faut que je dirige
Eldorado face à ces vagues créée artificiellement afin que le bateau ne
commence à gîter fortement. J’augmente légèrement la vitesse et Eldorado
commence à ce cabrer tel un cheval sauvage, ces soubresauts me surprennent et
j’avoue que les premiers me font un peu peur, je sens bien que l’étrave sort
complètement de l’eau et quand il retombe le bruit est assourdissant, mais je
ressens aussi une sensation de sécurité qui me donne le sentiment que le bateau
est bien solide.
Après le passage des ondes créées par le bateau de pêche,
l’eau redevient calme comme toujours dans le chenal car il est protégé de la
houle par les jetées situés de chaque côtés. Nous arrivons sur la sortie, le
phare se trouve sur notre gauche c’est impressionnant car on a l’impression de
passer par une très grande porte, après le passage de cette porte imaginaire on
se trouve face à la mer et la ligne d’horizon. Nous n’avons pas de chance
aujourd’hui car le vent qui était assez faible au matin est complètement tombé,
seule une petite brise persiste, le ciel est chargé de quelques nuages gris
mais c’est plutôt le soleil qui l’emporte. On ne se décourage pas pour autant
et tout en avançant à vitesse réduite, on se met face au peu de vent et nous
sortons la grand voile en premier, une fois sortie nous en faisons de même avec
le génois. Nous mettons le voilier en navigation au près serré et nous arrêtons
le moteur. Comme par magie nous n’entendons plus aucun bruit, pas même le
claquement du vent dans les voiles puisqu’il est très faible, le clapotis des
vagues se brisant doucement contre l’étrave est imperceptible, malgré la faible
force du vent et sa piètre vitesse qui ne restera pas gravé dans le livre des
records de vitesse Eldorado avance lentement, le bonheur est la.
On fait plusieurs tests de force afin de vérifier que le
gréement ne bouge pas, on répète plusieurs fois les opérations d’enroulement et
de sortie des voiles afin de vérifier que les enrouleurs ne sont pas grippés.
Nous profitons de la sortie pour me faire voir comment on procède à la vidange
des eaux noires en mer, avant celle-ci nous rentrons les voiles puis nous
avançons au moteur afin d’avoir une allure assez rapide pour ne pas laisser
derrière nous une grosse tache. M. CHARLET ouvre le grand coffre côté tribord
pendant que je tiens la barre, il attrape un fou rire en voyant ma planche à
repasser dans le coffre et sort une plaisanterie, je lui réponds et nous voilà
tout les trois en train de rire comme des gosses. Au bout de quelques minutes
on reprend notre sérieux et après qu’il ait tout enlevé afin de pouvoir accéder
à la vanne du réservoir il l’ouvre, nous voyons derrière le bateau une légère
traînée marron claire qui laisse de temps en temps flotter quelques éléments
que je ne décrierai pas mais dont les poissons se délecterons. Il me dit que
cette opération ne doit s’effectuer qu’à plus de trois miles des côtes, on est
très loin de cette limite puisque l’on est à moins d’un mile mais avec l’hélice
l’eau est bien brassé, il n’y a pas de bateau et je ne pense pas être vu du
Cross Gris-Nez qui est trop loin, mais on peut être vu du sémaphore qui se
trouve sur la digue du Break, heureusement pour nous ils n’ont rien vu tout va
bien.
Nous rentrons au port afin de pouvoir prendre la sassée de
15h30 pour rentrer, il n’est que 13h mais j’ai fait remarqué que la grand voile
avait par endroit des coutures qui avait cédé, afin de ne pas perdre trop de
temps, nous mettons Eldorado au port privé de l’Y.C.M.N afin de la réparer au
plus vite par l’atelier de voilerie. Je profite de me faire à manger pendant la
réparation et pour faire vite je fais des pâtes, Patty à faim elle aussi et
comme elle l’a mérité je mélange à sa gamelle des spaghettis qu’elle engloutie
en un très court instant. La grand voile est de nouveau posé et nous repassons
par la sassée de 15h30, nous revoilà installé à notre place content que les
voiles sont misent et que tout va bien, je dessale le bateau comme si nous
avions été arrosé par les embruns et qui en ferait sourire plus d’un mais c’est
un geste qu’il faut faire après chaque sortie pour qu’il devienne automatique,
c’est important.
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